Vous vous regardez dans le miroir tous les matins, et à chaque fois, vous pestez contre ces bourrelets de graisse qui défigurent votre silhouette. Mais vous n’êtes pas seul ! Selon l’enquête du programme « Cohorte constances » lancé par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et la Cnamts (Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés), un Français sur deux est en surpoids ou souffre d’obésité. Le problème, c’est que les méthodes minceur traditionnelles sont si difficiles qu’un tiers des patients avouent en avoir assez de l’échec de leur régime. C’est la raison pour laquelle les fabricants de compléments alimentaires redoublent de créativité afin de simplifier cette quête. Quelques préparations à base d’herbes, de shakes et de pilules permettent désormais de brûler des graisses et de réduire l’appétit. Et parmi les plus populaires se trouve un complément alimentaire appelé : cétone de framboise. À la télé, dans les magazines, sur Internet ou à la radio, on vous bombarde de publicités sur la cétone de framboise, dont la prétendue efficacité a été découverte en 2014. Alors, ce composé aromatique des framboises tient-il toujours ses promesses ? La cétone de framboise séduit-elle toujours les Français ?

Qu’est-ce que la cétone de framboise ?

FramboiseLa cétone de framboise est une substance naturelle qui donne à ce fruit rouge son arôme puissant. Également présente en petites quantités dans d’autres fruits et baies, tels que les mûres, les canneberges et les kiwis, la cétone a eu une longue histoire dans l’industrie des cosmétiques et dans l’alimentation, notamment les boissons gazeuses, les glaces et d’autres aliments transformés. Ainsi, la plupart des gens consomment déjà des cétones de framboise provenant de fruits ou comme aromatisants. Mais ce n’est que récemment que la substance naturelle est devenue le composant essentiel pour les programmes minceur modernes.

Il faut savoir que la cétone de framboise que vous trouverez dans les compléments alimentaires n’est pas du tout naturelle. Même si le mot « framboise » peut vous plaire, le complément alimentaire ne provient absolument pas de framboises. Et pour cause, l’extraction de la substance naturelle est extrêmement coûteuse, car vous aurez besoin de 41 kg de framboises pour obtenir une seule dose de cétone. En réalité, un kilo de framboises entières ne contient que 1 à 4 mg de cétone de framboise, soit 0,0004% du poids total des fruits.

Maigrir avec la cétone de framboise : comment ça marche ?

La structure moléculaire des cétones est très similaire à celle de deux molécules analogues, la capsaïcine (piment rouge) et la synéphrine, un stimulant. Les scientifiques ont toujours supposé que ces deux molécules peuvent stimuler le métabolisme, ce qui les a conduit à statuer que la cétone de framboise pourrait avoir le même effet.

Dans des études sur les cellules graisseuses des souris, on a découvert l’action de la cétone de framboise qui :

  • favorise la dégradation des graisses, notamment en rendant les cellules plus sensibles à la norépinephrine, une hormone brûle-graisse ;
  • favorise la libération de l’hormone adiponectine qui joue un rôle dans la régulation du métabolisme et de la glycémie.

Les personnes saines possèdent un taux d’adiponectine beaucoup plus élevé que celles qui souffrent d’obésité ou de surpoids. De même, les personnes présentant de faibles taux d’adiponectine sont plus risques en matière d’obésité, de diabète de type 2, de stéatose hépatique et même de maladie cardiaque. C’est de là que vient alors l’hypothèse selon laquelle l’augmentation du taux d’adiponectine pourrait favoriser la perte de poids et réduire de nombreux risques pathologiques. Toutefois, même si la cétone de framboise favorise la sécrétion d’adiponectine dans les cellules adipeuses de souris, il n’en est pas forcément de même pour un être humain. N’oubliez donc pas qu’il existe des moyens naturels d’augmenter le taux d’adiponectine sans passer par la cétone de framboise. Par exemple, un exercice régulier peut faire monter ce taux de 260% en à peine une semaine. De même, la consommation de café est également parmi les moyens de stimuler la sécrétion de l’hormone.

Par ailleurs, la seule étude chez l’homme qui soit proche des hypothèses ci-dessus utilise une combinaison de substances comprenant la caféine, la cétone de framboise, l’ail, la capsaïcine, le gingembre et la synéphrine. Dans cette étude qui a durée huit semaines, les sujets ont réduit leurs calories et pratiqué une activité physique régulière. Ceux qui ont pris le complément ont perdu 7,8% de leur masse grasse, alors le groupe placebo en question n’en a perdu que 2,8%. Toutefois, rien ne nous dit que la cétone de framboise est responsable de la perte de poids constatée. La caféine ou l’un des autres ingrédients utilisés pourraient en être responsables. Pour en savoir plus sur le fonctionnement de ces autres substances, n’hésitez pas à jeter un œil à la page www.biendansmoncorps.fr.

La vérité sur l’efficacité de la cétone de framboise

ObésitéPour rappel, les souris et les rats ne sont pas du tout similaires aux êtres humains. Si les rongeurs sont souvent étudiés pour le bien-être de l’homme, nous ne partageons qu’environ 85% du même ADN que la souris. Lors des études scientifiques, ces cobayes vivaient dans des cages et non dans le monde réel, et se nourrissaient principalement d’aliments contrôlés. En d’autres termes, il n’y a tout simplement pas de raison de prendre ces études comme la règle de la perte de poids chez l’homme. Selon les partisans de la cétone de framboise, cette substance contribuerait à renforcer l’activité de l’adiponectine, qui, pour rappel, joue un rôle dans la régulation de la glycémie et du poids corporel. Or, les fabricants de compléments alimentaires s’appuient sur des faits pseudo-scientifiques pour donner l’impression que l’utilisation de la cétone de framboise est efficace pour perdre du poids.

Alors que le taux d’obésité monte en flèche en France et que plus en plus de personnes cherchent désespérément à perdre du poids, nous continuons encore à assister à la démocratisation des diètes minceurs. Or, la plupart de ces programmes s’appuient sur des substances qui ne fonctionnent pas ou affichent des promesses tout simplement irréelles.